décembre 2024

L'étude d'André Decoster révèle que les sociétés de management accentuent les inégalités de revenus en Belgique en permettant aux hauts revenus d’échapper à la progressivité de l’impôt, avec un taux moyen de 35 % contre 60 % pour les salariés. Ce phénomène, amplifié par la réforme fiscale de 2018, met en lumière une inégalité institutionnalisée qui remet en question l’équité du système fiscal belge.

L'étude menée par André Decoster de la KU Leuven met en lumière un phénomène jusque-là peu quantifié en Belgique : l'ampleur des inégalités fiscales générées par le recours aux sociétés de management. Traditionnellement perçues comme un simple outil d’optimisation fiscale, ces structures permettent aux hauts revenus de contourner la progressivité de l'impôt sur les personnes physiques, bénéficiant d’un taux d’imposition moyen de 35 %, contre 60 % pour les travailleurs salariés. Ce travail est novateur en ce qu’il chiffre l’impact de cette pratique sur la distribution des revenus et souligne son rôle structurant dans l’accroissement des inégalités en Belgique. L’étude révèle notamment que l’explosion du nombre de ces sociétés a été encouragée par la réforme fiscale de 2018, qui a introduit un taux réduit de 20 % sur la première tranche de 100 000 euros de revenus imposables, rendant le statut encore plus attractif pour les cadres et indépendants fortunés. Contrairement aux travaux précédents qui se concentraient sur l’évasion fiscale ou la fraude, cette analyse met en évidence une inégalité profondément institutionnalisée, renforcée par la législation elle-même. Elle pose ainsi la question de l’équité du système fiscal belge et du rôle des politiques publiques dans la reproduction des inégalités socio-économiques.

Jean-Paul Bombaerts